Petit matin
tableau de René Constant
Il est potron minet
lentement je m'éveille
le chat pelotonné
ronronne et me surveille
l'aube glisse un regard
par la vitre faîtière
il y a du brouillard
mais un peu moins qu'hier
assis au bord du lit
ma nuit se rembobine
d'illusions en oublis
mes rêves se débinent
l'odeur du café chaud
et du bon pain grillé
côtoie près du réchaud
celle des oeufs brouillés
sur radio classique
Monica Piccini
la belle voix mystique
chante Boccherini
j'aime ces heures laiteuses
du petit matin blême
quand l'âme nébuleuse
gît dans le café crème
tapotant aux carreaux
mes amies les mésanges
réclament un peu d'eau
et des graines en mélange
plus loin près du hangar
un gros matou douceur
et un hibou clochard
dorment sous l'if en fleurs
la rue est en silence
et encore endormie
quand le clocher cadence
six heures à la demie
dans la maison d'en face
quelques ombres s'animent
dessinant dans l'espace
de précis jeux de mimes
le boulanger prend l'air
près de sa devanture
le café "chez Albert"
s'apprête à l'ouverture
le petit épicier
dispose ses légumes
le boucher charcutier
son beau gibier à plumes
le marchand de journaux
garnit ses présentoirs
ses clients matinaux
parlent sur le trottoir
le village s'agite
chacun va, se déplace
un nouveau jour palpite
la vie se met en place
Renaud le 22-04-2012 / tous droits réservés