Les passantes
J'avais quinze ans à peine
et deux fois par semaine
j'apprenais le latin
à la chaussée d'Antin
souvent trop en avance
(acquis de mon enfance)
en sortant du métro
j'entrais dans un bistro
devant un vittel menthe
ou une eau pétillante
assis à la terrasse
je vous voyais de face
vous veniez du hasard
improbable et bizarre
de l'anonyme foule
que la ville déroule
le plus souvent pressées
joyeuses ou effacées
bourgeoises ou prolos
vous alliez au boulot
parfois très volontaires
d'allure contestataire
vous exprimiez la fronde
des misères du monde
parfois plus romantiques
et même nostalgiques
vous sembliez passer
perdues dans vos pensées
tantôt tourbillonnantes
charmeuses, effervescentes
maquillées, pomponnées
joliment poitrinées
tantôt si transparentes
et presque évanescentes
vous aviez l'air diaphane
d'un éphémère qui flâne
mais toujours magnétiques
diverses et uniques
vous étiez les lumières
de cette fourmilière
vos belles silhouettes
arrondies ou fluettes
ensemençaient mes yeux
d'instantanés précieux
fugaces mais divines
blondes, brunes, rouquines
vous étiez mon plaisir
mes matinaux sourires
ô femmes inconnues
qu'êtes vous devenues
vous me fasciniez tant
à la chaussée d'antan
Renaud le 31-08-2012 / tous droits réservés
Pour vous récompenser de m'avoir lu jusqu'au bout je
vous offre cette très belle chanson de Georges Brassens
sur un magnifique poème d' Antoine POL