Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Renaud et poésie
Renaud et poésie
Publicité
Archives
30 septembre 2013

Fenêtre sur rue

fenêtre sur rue 3

image bdzoom.com

 

 

 

Certains jours au matin
je me sens nonchalant
hasardeux, incertain
à vrai dire indolent

que j’aime alors m’asseoir
par-devant ma fenêtre
pour tranquillement voir
les choses et les êtres

sur les toits, grises buttes
les cheminées libèrent
leurs dernières volutes
fantômes éphémères

les chats rentrent dormir
après leur nuit en ville
de fripons souvenirs
égayent leurs pupilles

deux femmes, ombres penchées
pieusement se pressent
tandis que le clocher
les appelle à la messe

les lumières s’éteignent
absorbées par le jour
puis ce sont les enseignes
qui s’estompent à leur tour

les boutiques s’apprêtent
à lever leur rideau
du café «chez Paulette»
au marchand de journaux

des maisons alentours
les portes s’entrebâillent
mes voisins tour à tour
partent pour le travail

je reconnais Duval
débraillé et heureux
Legrand très monacal
et Martin le peureux

les balayeurs arrivent
la cigarette au bec
leur accent enjolive
leurs gais salamalecs

ils nettoient les trottoirs
poussant au caniveau
les stigmates du soir
qui partent au fil de l’eau

des collégiens traversent
la rue en chahutant
l’on dirait une averse
qui s’écoule en chantant

madame Riberi
parait sur son balcon
avec son canari
dans sa cage en laiton

après avoir pris soin
de son jaune animal
elle me fait de loin
un bonjour amical

Cécile l’infirmière
entame sa tournée
elle est jolie, peu fière
douce et attentionnée

j'ai appris par ouï-dire
que pour voir la Cécile
certains se font prescrire
des soins à domicile

notre facteur s’approche
droit sur sa bicyclette
ajustant sa sacoche
et aussi sa casquette

perché sur une échelle
outils en bandoulière
un ouvrier martèle
le zinc d’une gouttière

quelques badauds regardent
ce spectacle banal
comme moi ils flemmardent
mais à la verticale

devant leur pavillon
entretenant leurs roses
les consorts Papillon
s’autorisent une pause

madame Dutrieux
qui passe en cet instant
discutaille avec eux
pendant un bon moment

autour de la fontaine
de gras pigeons roucoulent
tout en cherchant des graines
dans quelques nids de poules

plus loin sur la placette
c’est le jour du marché
un petit air de fête
venu des maraichers

qu’ils sont beaux leurs légumes
de toutes les couleurs
qui naissent dans la brume
des champs et la sueur

cette plaisante ambiance
anime le quartier
merci ma nonchalance
je suis désennuyé

 

Renaud Maugey le 30-09-2013

ce texte est protégé par la loi sur la propriété

intellectuelle et ne peut faire l'objet

d'une reproduction ou d'une utilisation

sans mon accord écrit

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Bien vu Renaud; En te lisant j'avais l'impression d'être au cinéma,tout au début d'un film, lorsque le metteur en scène plante le décor avant le début de l'action.<br /> <br /> Alain
Répondre
C
Quel plaisir de lire ces mots !
Répondre
P
Je lis à nouveau ces lignes qui sont de belles images comme un livre ouvert sur les pages d'un moment en vie...bises
Répondre
E
Bonjour Renaud,<br /> <br /> <br /> <br /> Comme l'exprime avec insistance ozymandias - 3 messages, quand même ;-) - je trouve que ça sonne à la Prévert. Ce poème se lit comme une chanson ; outre les images il y a une musique, un rythme, et les mots invitent à danser sur ce morceau de quotidien avec un bonheur tendre, une exquise indolence. <br /> <br /> <br /> <br /> Ça me plaît, ce genre d’instant. Si riche de simplicité et de spontanéité. Bravo et Merci.<br /> <br /> jb
Répondre
M
Moi aussi j'ai pensé en te lisant à la chanson:<br /> <br /> "Paris s'éveille"<br /> <br /> Bravo pour ce réveil du monde un matin tout simple!
Répondre
Publicité