La vache folle ou l'homme cinglé?
Derrière la vache à hublot et la vache folle se cache l'homme dément et dangereux
Autrefois, image bucolique
Dans les champs la vache allait
Entre les bouses et les colchiques
De la bonne herbe elle broutait
Au printemps qu'elle était belle
Notre vache quand elle vêlait
Son p' tit veau blotti sous elle
Entre ses pis se faufilait
L' voyant bondir dans les herbages
Elle est bien heureuse et sourit
Sans vouloir en faire un fromage
Dieu que c'est beau une vache qui rit !
Le fermier pouvait boire des pintes
Le lait était bon et sucré
La vie s’écoulait sans contrainte
Le bonheur était dans le pré
L'homme et les animaux vivaient de la nature
Rythmaient leur existence à son calendrier
Nos braves paysans avaient pour seuls augures
Les multiples dictons devenus familiers:
Ainsi:
«S'il naît à la Sainte Gudule
L' ptit veau aura des testicules
Mais s'il vient à la Saint Gaston
Il n'aura point de roustons»
Encore:
«Quand il fait beau à la Saint Brice
À Pâques il pleut comme vache qui pisse
Et s'il vente à la Saint Gilbert
Le lait caillera tout l'hiver»
Également:
«Si à la sainte Catherine
La vache se lèche les babines
Assurément à la Saint Fernand
Elle sera Gros-Jean comme devant»
De même:
«Pour peu qu' à la Sainte Luce
La vache saute comme une puce
C’est sûr qu’à la saint Baudoin
L’ taureau la prendra sur du foin»
Ainsi bercée par les proverbes
La vie s'écoulait tranquillement
La vache et son p' tit bouffaient d' l'herbe
Le lait coulait abondamment
Mais v' la t'y pas Germaine
Qu' à l’automne octante sept
Plus de lait au pis d’ façon soudaine
A tel point qu’on crût à un racket
Las nos fermiers au lieu d' se rappeler
Que quand elle meugle à la Saint Côme
Sans bouser à la saint Jérôme
Alors le lait arrête de couler
Et au lieu d' patiemment attendre la Saint Denis
Qui marque le grand retour du lait au pis
Ils se sont tournés dans leur panique
Vers les savants académiques
Dont l'un accoucha en coulisses
D'une véritable idée d' génisse.
«Depuis la création du monde
Qu'elle offre son lait à la ronde
La vache en fait est fatiguée
Lui faut d’ la bouffe vitaminée
Mais de vraies bonnes vitamines
Pour qu'elle retrouve sa bonne mine»
Répétait l'ingénieur cocasse.
«Faites moi confiance j' me décarcasse !»
«Des carcasses? Des carcasses !
J'en ai partout aux environs»
Bêla un éleveur de moutons
Or les vaches et les moutons
Tout du moins en apparence
Sont copains comme cochons
Ainsi que sexe et abstinence
Ils fréquentent les mêmes prairies
Sans la moindre zizanie
Il est donc bien naturel
Que leur soutien soit mutuel
Dans toute la France aussitôt
Le mouton fût mis en farine
La vache en mangea tant que bientôt
Elle en eût plein les narines
Quelle colossale erreur et funeste expérience
Où l' bon sens paysan fût omis par la science
Car c’est un 3 février que l’essai fût tenté
C’était à cette date une pure absurdité
Puisqu’en effet:
«Si la vache mange de la farine à la Saint Anatole
Un an plus tard la pauvre bête devient folle»
Homme, apprenti sorcier
Qu'as tu fais des adages?
Il fallait t’y plier
Ce quelque soit ton âge
Pour l'avoir orgueilleusement oublié
De la vache ou de toi qui reste prisonnier?
Reconnais tes erreurs
Respecte les ancêtres
La question du bonheur
Est «paître ou ne pas paître»
Relis le talisman des maximes anciennes
Et apprends les par cœur comme une vraie antienne
Alors même s'il faut que tu te les rabâches
Il fera à nouveau bon vivre sur le plancher des vaches
Car tu sauras que quand ça va de pis en pis à la Saint Edmond
Ça va toujours de meuh en meuh à la Saint Raymond
Fouchtra
Renaud MAUGEY le 6 juillet 2019
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